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Soft Flower

les-merveilles_DEBEAULIEUHéritiers du mouvement slowlife, de nouveaux fleuristes passionnés créent des bouquets comme des œuvres d’art.

Si souvent réservée aux bouquets de remerciements ou à la décoration, la fleur semble vivre son quart d’heure de gloire en France. Une nouvelle génération de talents — horticulteurs, artisans fleuristes, auteurs de compositeurs florales — ont trouvé dans les fleurs une formidable matière d’expression intime, poétique et artistique qu’ils transmettent avec passion. Debeaulieu, Castor, Nue, Muse… Leurs noms étaient jusque-là connus des esthètes ou dans l’univers de la mode, toujours en quête de beauté et de nouvelles formes esthétiques. Mais n nouveau public s’ouvre à leurs bouquets élaborés à l’écart de la production de masse, selon les impulsions, sensibilités et tonalités du moment.

On va chez Debeaulieu pour s’offrir du baroque, des fleurs exotiques et des compositions inspirées des décors opulents du Guépard de Visconti ou de toiles Gerhard Richter. Ici, les jeunets, cynbidium ou gypsophile – des fleurs ordinairement blanches – se teintent d’orangés, de bleus et de roses fantasmés… Pierre Banchereau a pris un autre chemin que ses illustres ainés, les très classiques Christian Tortu et Lachaume. Dans un tout autre style,

Majid Mohammad, chez Muse, tourne ses bouquets en musique, tel un poète, par petites touches, sensible aux jeux de lumières et aux harmonies des couleurs. « Il faut laisser la nature jouer son rôle », dit-il en ajustant un pois de senteur comme une touche finale à son œuvre éphémère. Claire Boreau chez Nue ou Louis Géraud (Castor) n’ont pas pignon sur rue. Leurs jardins d’eden fleurent bons les œillets ou le chèvrefeuille, et leurs compositions sur-mesure privilégient les fleurs de saison et la production locale.

Ancien courtier en objet d’art, Louis Géraud serait plutôt le Rothko du design florale, fasciné par les pastels d’une renoncule ou d’un Hortensia et la beauté brutaliste d’une branche de Magnolia dans un vase blanc ciment rappelant une œuvre de Georgia O’keeffe. On ne trouvera pas chez lui de « poussés sous serre » ni d’anachronisme étranges comme du lila en hiver… « Il suffit d’une simple jonquille ou d’une fleur de pavot pour apporter un peu de magie chez soi ». Il fait partie de ceux qui relèvent l’urgence à respecter le sourcing des fleurs, comme le souligne Sixtine Dubly, co-fondatrice du Collectif de la fleur française, partisane du mouvement Slow Flower, lié à la protection de la biodiversité. Commissaire d’exposition et auteur de « La tentation des fleurs » (éditions Assouline) et d’un livre sur l’histoire des fleurs dans l’art, elle participe activement – notamment avec des expositions autour des fleurs – à l’émergence d’un nouvel art de vivre.

Adresses :

Muse, fleuriste

4, rue Burq, Paris XVIIIe

http://www.muse-montmartre.fr/

Castor, fleuriste

14, rue Debelleyme, Paris IIIe.

www.castorparis.com

Nue, atelier floral

www.nue-paris.com

Debeaulieu, fleuriste

30, rue Henry Monnier, Paris IXe.

www.debeaulieu-paris.com

Sixtine Dubly, auteur et curator

www.sixtinedubly.com

www.collectifdelafleurfrancaise.com

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